A Calvisson, petite commune du
Sommiérois (Gard), une association réunit des
passionnées du boutis. L'amour de cet art textile
ancestral très développé en Provence, a amené un
petit groupe de Calvissonnaises à créer un musée.
Mais l'aventure qui occupe depuis plus d'un an les
brodeuses prend l'allure d'un véritable défi : elles
reproduisent à l'identique une pièce textile
médiévale, datée de la fin du XIVè siècle, qui
pourrait être le plus vieux boutis du monde, et
présente un intérêt historique évident. Le Tristan
Quilt (son nom en anglais) et la Copperta de
Guicciardini (pour la partie italienne intriguent.
Les Calvissonnaises, aidées par des Audoises,
espèrent bien lever le voile.
Elles sont une cinquantaine tête baissée, tirant
l'aiguille ou le crayon dans la petite salle des
associations de Calvisson (Gard). Le chantier dans
lequel elles se sont lancées est immense; digne du
travail des moines copistes du Moyen âge. À cette
différence près que ces dames n'ont pas fait voeu de
silence! Autour de Francine Nicolle, présidente de
I'association du boutis en Vaunage, elles
reproduisent une pièce textile du XIVè siècle,
probablement le plus vieux boutis du monde: C'est
l'histoire du Tristan Quilt et de la Coperta de
Guicciardini, deux morceaux d'une même étoffe, dont
l'un se trouve à Londres, au musée Albert et
Victoria et l'autre à Florence, au musée Bargello.
Les calvissonaises se sont données pour défi de
refaire à l'identique la partie anglaise - Le
Tristan Quilt -soit
une pièce de 5,50 m sur 2,80 m. Probablement
fabriquée en Sicile, la pièce a pu être datée comme
ayant été fabriquée à la toute fin du XIVè siècle.
Composée de deux étoffes, avec des motifs en relief,
rembourrés de coton.
" Nous devons
exposer notre travail à Londres fin 2008. Nous avons
prévu un charter pour y aller !"
Il s'agit bien d'un boutis. Comme la tapisserie de
Bayeux (qui elle, date du XIè siècle), le Tristan
Quilt est une sorte de bande dessinée médiévale, qui
avait probablement pour vocation de faire passer un
message politique. " La pièce est ornée de
figures de Tristan, une seule représente Iseult et
sur la partie supérieure, nous avons des textes en
caractères lombards. Visiblement dans une écriture
abâtardie, celle des marchands. On ne sait pas ce
que cela signifie", note Francine Nicolle qui
compte bien mener l'enquête jusqu'au bout. Du côté
italien comme du côté anglais, des recherches et une
restauration des originaux sont en cours. Francine
Nicolle est en contact avec les conservateurs des
deux musées.
"Nous devons exposer notre travail fin 2008 à
Londres lors de l'inauguration de la salle médiévale
du musée Albert et Victoria. Nous avons prévu de
faire un charter pour y aller ! Blague à part, avoir
une date butoir nous oblige à nous organiser",
poursuit l'infatigable Francine qui a également mis
au travail des groupes de dames dans l'Aude et en
Normandie, chacune confectionnant des morceaux de la
pièce.
En chef d'orchestre, Francine Nicolle coordonne les
travaux, quand elle ne court pas les fabricants de
lin flamands pour obtenir un fil composé du même
nombre de brins que celui utilisé au XIVè siècle, ou
les colloques internationaux qui évoquent la
broderie au Moyen âge ... " Notre affaire intéresse
les spécialistes", affirme la Calvissonaise, la mine
gourmande.